
by Isia | Dec 20, 2022 | L'agriculture syntropique, Pratiques culturales | 0 comments
Ce n’est pas un saule qui nage, non ! Mais un saule auquel on coupe la tête (en quelque sorte :D)
le saule dit « têtard » parsemait autrefois les paysages de nos campagnes. Sa silhouette trapue et déformée, en grosse tête si caractéristique, provient d’un mode de gestion spécifique : tout au long de sa croissance, la tête de l’arbre subit une taille régulière, toujours sur une même hauteur, provoquant des bourrelets de cicatrisation et des branches en rameaux.
Ces opérations de taille régulière (recépage) avaient une utilité à une époque encore récente. Les branches étaient utilisées comme bois de chauffage ou de cuisson des aliments, l’osier pour la vannerie (paniers, corbeilles, nasses), et les pieds délimitaient les parcelles et les fossés, offrant de l’ombrage au bétail. La pratique de la vannerie a laissé place aux sacs plastique et les petites parcelles bordées et ombragée qui faisaient notre paysage bocagé, ont fait place à d’immenses étendues de champs uniformes ( et lessivables).
La Seconde Guerre mondiale donne le coup de grâce, elle coïncide avec la généralisation des produits synthétiques. Il s’ensuit alors un déclin rapide et inéluctable de la production vannière de masse. En 1900, on comptait 40 000 vanniers professionnels soit 1 vannier pour 100 habitants (entre 400 et 500 par département). De nos jours, on compte encore 200 vanniers, soit 1 pour… 300 000 habitants (une moyenne de 2 par département).
Les saules “têtards’ sont donc un ultime témoignage de pratiques rurales traditionnelles, faisant partie intégrante de la vie paysanne d’autrefois, Ourtant l’agroforesterie et la culture en système syntropique les remettent peu à peu au goût du jour car basée sur la production de biomasse pour refertiliser les sols.
Le saule têtard offre d’autres avantages, notamment celui d’être un abri de choix pour la faune sauvage. Ainsi, les cavités formées par les tailles régulières offrent refuge aux insectes, petits mammifères (chauves-souris, lérot, etc), ainsi qu’aux oiseaux cavernicoles. Et la grande quantité d’arbres permettait un cycle plus cout de l’eau qui gardait l’humidité au sol.
Si vous souhaitez avoir un saule têtard plantezun jeune plant sur un terrain humide. Dès la première année, pendant la période de repos végétatif (novembre à mars), supprimez les bourgeons situés sur la partie inférieure du Saule, mais conservez ceux de la partie supérieure. Dès la deuxième année et pendant les dix premières années, procédez à un recépage total des rejets (partie haute du saule) tous les 2 à 3 ans. Après dix ans, vous pouvez espacer les recépages tous les cinq ans.